Créer un site internet

2019, marque le 40ème anniversaire de l’inscription du Mont Saint-Michel et sa baie au patrimoine mondial de l’Unesco

Brève synthèse

Sur un îlot rocheux au milieu de grèves immenses soumises au va-et-vient de puissantes marées, à la limite entre la Normandie et la Bretagne, s'élève la « merveille de l'Occident », abbaye bénédictine de style gothique dédiée à l'archange Saint Michel, et le village né à l'abri de ses murailles. La construction de l'abbaye, qui s'est poursuivie du XIe au XVIe siècle, en s'adaptant à un site naturel très difficile, a été un tour de force technique et artistique. Ainsi, les solutions pratiques et esthétiques inscrites dans les pierres de l’édifice sont désormais inséparables de son environnement naturel.

Cette abbaye bénédictine, fondée en 966, fut érigée sur un sanctuaire dédié à l’archange Michel depuis 708 et conserve quelques vestiges de l’Époque romane. La plus ancienne partie actuelle, la petite église pré-romane à deux nefs de Notre-Dame-sous-terre, en maçonnerie de granit et de briques plates, remonte sans doute au Xe siècle. L’apport de l’époque romane est encore visible dans la nef de l’abbatiale, dont la croisée s’appuie sur le sommet du rocher, et dans un groupe de bâtiments conventuels étagés (aumônerie ou galerie de l’Aquilon, promenoir des moines dont la voûte, construite après 1103, serait un des plus anciens exemples de croisée d’ogives).

Mais ce sont les maîtres d’œuvre de la période gothique qui, tout en tirant le meilleur parti de l’espace restreint, inventèrent les hautes murailles, les masses élancées, les volumes ajourés, les pinacles aériens où s’exalte la silhouette aiguë du rocher. Pour l’élégance de sa conception, le nouveau corps de bâtiments conventuels, édifié à partir de 1204, mérite le surnom de « Merveille ». Il comprend, au-dessus de l’aumônerie du XIIe siècle, les célèbres salles dites des Hôtes et des Chevaliers et, au dernier étage, outre l’immense vaisseau du réfectoire, le cloître aux colonnettes en quinconce qui ouvre d’un côté sur la mer. Parmi les nombreuses adjonctions plus tardives, il faut enfin signaler le chœur flamboyant de l’abbatiale commencé en 1448 à l’emplacement du chœur roman qui s’était effondré.

Sanctuaire situé en un lieu peu accessible, selon la tradition des lieux de culte dédiés à Saint-Michel, lieu de pèlerinage fréquenté durant tout le Moyen Âge et au-delà, siège d’une abbaye bénédictine au puissant rayonnement intellectuel, le Mont-Saint-Michel est un des hauts lieux de la civilisation chrétienne du Moyen Âge dans ses aspects les plus caractéristiques.

Critère (i) : Par l’alliance inédite du site naturel et de l’architecture, le Mont-Saint-Michel constitue une réussite esthétique unique.

Critère (iii) : Le Mont-Saint-Michel est un ensemble sans équivalent tant par la coexistence de l’abbaye et de son village fortifié sur l’espace resserré d’un îlot, que par l’agencement original des bâtiments qui lui confère une silhouette inoubliable.

Critère (vi) : Le Mont Saint-Michel est un des hauts lieux de la civilisation chrétienne médiévale.

Intégrité

Malgré l’histoire mouvementée du Mont et la destruction de la partie antérieure de l’église, l’intégrité de l’ensemble du site et de l’abbaye est effective. Les restaurations du XIXe siècle ont rendu leur dignité aux bâtiments et leur aspect emblématique, notamment par la construction de la flèche en 1897. Le village a conservé son bâti ancien.

Les valeurs du site ont été maintenues en dépit de l’ensablement de la baie en raison de phénomènes naturels et de la construction, notamment, d’une digue-route d’accès en 1879, qui avait fait perdre au Mont son caractère insulaire. Au terme de travaux de grande envergure menés par l’État français, le caractère maritime du Mont Saint-Michel a été rétabli en 2015.

Authenticité

L'alliance du Mont et du grand paysage de la baie qu'il focalise est intacte depuis des siècles. Les bâtiments de l'abbaye et du village qui l'entoure, entretenus, restaurés ou renouvelés selon le cas depuis les XVIIe, XIXe et XXe siècles sont d'une authenticité remarquable dans leur substance, leur développement ou leur agencement.

Supprimée en 1789 et transformée en prison jusqu'en 1863, l'abbaye est aujourd'hui un monument qui témoigne du passé chrétien, où la présence monastique est assurée par une petite communauté. Son histoire, partagée par trois millions de visiteurs annuels, rappelle le rôle exceptionnel qu'elle a joué.

Les caractéristiques visuelles du Mont, liées à sa topographie et à son statut de repère largement visible, sont très vulnérables aux insertions dans le paysage susceptibles d’altérer les vues depuis et vers le bien. Par ailleurs, la haute fréquentation touristique risque de porter atteinte à l’esprit du lieu.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

L'ensemble du bien, bâti et naturel, bénéficie d'une protection de niveau national soit au titre du code du Patrimoine soit au titre du code de l'Environnement. L'abbaye, ses remparts et dépendances appartiennent à l'Etat et sont classés au titre des Monuments historiques depuis 1862. Le rivage inclus dans le bien est protégé au titre de la « loi littoral » et la baie est couverte depuis 1994 par la convention de Ramsar.

L’État a confié la gestion de l'abbaye au Centre des monuments nationaux, établissement sous tutelle du ministère de la Culture. L'abbaye bénéficie d'importantes et régulières opérations de restauration. Compte-tenu de la nature géologique du site, des travaux de consolidation des rochers sont périodiquement menés.

La gouvernance partagée entre l'État et le syndicat mixte de la Baie du Mont-Saint-Michel, instaurée en 2006, se poursuit au sein de la Conférence de la Baie, présidée par le Préfet de région Normandie et les deux présidents de région Normandie et Bretagne.

Depuis le rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel, la digue-route a été remplacée par un pont-passerelle et des navettes assurent le transport des visiteurs depuis le lieu-dit La Caserne jusqu’au pied du Mont. La mise en place de ce dispositif a permis une régulation des flux touristiques. De plus, la construction d'ouvrages hydrauliques, comme le barrage du Couesnon dont les lâchers d'eau chassent les sédiments au large, permet de lutter contre l’ensablement du Mont.

La zone tampon proposée en 2018 inclut près de 130 communes. Sa limite a été définie sur la base d’une étude paysagère au regard de l'espace à partir duquel le Mont-Saint-Michel est visible, des principaux points de vue et des Montjoies. Par ailleurs, une aire d’influence paysagère du Mont-Saint-Michel, excluant les grands équipements, complète le dispositif. Elle est incorporée dans les outils de planification tels que les schémas de cohérence territoriale.

nature unesco baie du Mont St-Michel patrimoine mondial mer monument Baie

Ajouter un commentaire